À partir du plus petit masque, le nez rouge, l’enfant apprend à laisser libre cours à son imaginaire par le jeu, à explorer des zones de fragilité à la frontière du rire et du drame. Il invente une forme dans le corps et dans l’espace, un personnage. Ce dernier offre la distance nécessaire pour penser, dire et contredire le monde dans un langage théâtral improvisé. Cet atelier amène l’enfant, du même souffle, à trouver une confiance et une vérité capables d’émouvoir. Le nez rouge focalise l’attention, les yeux traduisent l’émotion. En état de grande vulnérabilité, l’enfant trouve la justesse pour toucher.

L’atelier se compose d’exercices adaptés à chaque âge. Tout d’abord il commence par un échauffement physique et vocal de groupe. Ensuite, chaque enfant-clown (avec son nez rouge) se présente devant les autres. Par des questions choisies, l’artiste invité interroge le jeune pour lui permettre de faire naître son propre comique. Ce rire de situation est une source de grande fierté et un tremplin pour l’expression de soi et est révélateur de la personne. Il peut y avoir aussi des exercices d’exploits de toutes sortes, de chants particuliers, d’imitation, de gamme du rire ou de la tristesse, etc.

Pour les plus âgés, l’enfant-clown doit lire un article de journal. L’artiste le fait recommencer comme s’il était un cochon, un taureau amoureux, un chien fatigué, ou des animaux plus complexes, comme une girafe ou un zèbre. On peut dire n’importe quel texte de cette façon : une recette, une chanson, une formule mathématique. Quand le clown est dans le pétrin, sa créativité s’active. Avant la venue de l’artiste, les enfants sont invités à choisir des textes et à trouver un objet à présenter aux autres. C’est la découverte de l’objet sous la couverture! Le clown pense présenter son objet, mais il trouve celui d’un autre.

L’idée générale est de fournir aux enfants les outils pour créer un personnage ou un numéro humoristique d’une minute. Le numéro est présenté devant le groupe à la fin.

À partir du masque neutre et du masque expressif, explorer les possibilités de jeu par le corps. Il faut porter une fois un masque neutre (page blanche) pour saisir toute l’importance d’un simple petit geste du pied ou des mains, ou d’un relâchement du corps. Ces mouvements prennent une proportion phénoménale avec le masque. En fait, le masque suppose que le corps entier devient le territoire de l’expression.

C’est en explorant ce type de jeu qu’on peut atteindre l’essentiel, la vérité, la précision et une dimension forte du jeu sur une scène. Par des exercices physiques d’échauffement du corps, les jeunes participent à un mouvement de chœur et d’écoute. L’atelier se poursuit avec la salutation au soleil apprise auprès de Jacques Lecoq (spécialiste du mouvement et du masque), ou à l’aide d’exercices exploratoires autour des quatre éléments : feu, eau, terre et air. Ces exercices développent, chez l’enfant, une très grande écoute de son corps en interaction avec les autres. Il faut lever le masque pour le faire voir au public, il faut porter le masque avec un corps engagé.

Dans une seconde partie de l’atelier, une fois que tous les élèves ont expérimenté le masque neutre, le jeu masqué larvaire (forme sommaire) et expressif est exploré. Les gestes et les mouvements doivent être détachés, le regard est immensément important pour donner vie au masque et lui conférer une expression, des émotions. Le corps devient le prolongement du masque, et le moindre mouvement de main, de jambe ou de pied prend une importance capitale. Le jeune prend une conscience aiguë de son corps et de son potentiel dramatique. Ce travail appelle une véritable présence sur scène. Sans paroles et sous masque, comment se débrouiller pour exprimer une histoire, une situation?