Marie-Line Leblanc croit que chaque endroit mérite un atlas. Comme l’insulaire passe sa vie à se projeter, dans le temps comme dans l’espace, ni la cartographie ni l’océanographie ne lui semblent suffisantes pour rendre compte d’un lieu de vie. L’artiste a trouvé dans l’esthétique des mobilités virtuelles une façon d’exprimer sa vision. Elle utilise donc pour ses œuvres des techniques mixtes (peinture, collage, sérigraphie) qui lui permettent d’analyser, traduire et mixer les informations et les connaissances. Son travail se distingue par le croisement de références et de modes d’expression hétérogènes. Bricolage informationnel, ses œuvres citent et combinent le langage savant, les lieux et les ouvrages de la tradition madelinienne pour établir de nouveaux dialogues entre les choses que nous tenons pour acquises.

L’artiste questionne les élèves à propos des outils servant à représenter graphiquement les lieux et les parcours. En connaissent-ils? Elle montre des exemples que les élèves décrivent et analysent. L’artiste fait part aux élèves de sa problématique de recherche : peut-on se promener dans le savoir? Peut-on cartographier des endroits qui n’existent pas? Comment montrer les mobilités imaginaires? Puis, elle présente un aperçu de son travail. Par la combinaison du dessin, de la peinture et du collage, les élèves seront amenés à détourner les principes de la représentation du territoire, ou à les appliquer à d’autres endroits que les lieux habituels. Chaque participant sera invité à réaliser la carte inspirée d’un objet du quotidien (livre, sac d’école, casier…). Au primaire, on s’en tiendra à des lieux près de la réalité de l’enfant. Les jeunes créent d’abord le schéma spatial de leur objet d’inspiration. Ils utilisent ensuite la gouache afin de produire individuellement un fond de carte. Avec les techniques de l’artiste, ils tracent des chemins, des zones et placent des repères. L’activité peut être développée sur plusieurs périodes, au cours desquelles les élèves pourront intégrer les noms des lieux. Les réalisations individuelles seront juxtaposées ou reliées pour constituer un atlas de classe. Le contenu est adaptable aux objectifs éducatifs de l’enseignant et au niveau des élèves rencontrés.

Le projet s’amorce avec une réflexion de l’artiste à propos des codes servant à représenter graphiquement nos itinéraires. Les élèves découvrent la complexité du mot « pas » et consignent ses cooccurrences. En faisant appel à leur mémoire, les élèves constituent une banque d’outils de référence (pointillés, flèches, traits). L’artiste questionne les élèves : combien de pas fais-tu dans une journée? Quelle forme prend le trajet de ta maison à l’école? Es-tu capable de dessiner avec tes pas? L’élève illustre le trajet qu’il aime le plus parcourir. Ensuite, l’artiste présente sa problématique de travail et ses œuvres aux élèves, qui les décrivent et les comparent. En combinant le dessin et l’image photocopiée, les élèves vont superposer deux univers : celui des projections géographiques et celui de leur corps. Ils seront amenés à transcrire leurs trajets quotidiens et affectifs sur des représentations de leur corps de manière à ce que leurs parcours deviennent les lignes de leur main, de leur pied. Cette image individuelle sera ensuite intégrée dans un tableau collectif. Le contenu est adaptable aux objectifs éducatifs de l’enseignant et au niveau des élèves rencontrés.